Performance énergétique et désordres dans le bâtiment font souvent mauvaise alliance au niveau de l’étude, mais aussi lors de l’exécution !

, par Michel Grenier

Une équation simple à comprendre, mais trop souvent oubliée !

La performance globale d’un bâtiment n’est pas égale à la somme des performances énergétiques entrepises même s’ils sont intrinsèquement très performants.
Après plus de 400 enquêtes entreprises sur le territoire français sur des chantiers de rénovation en performance énergétique , le constat est accablant : les désordres ne sont pas réglés dans les projets, ce qui compliquent après coup la "vie" des bâtiments.

Quand l’isolation thermique laisse à désirer

La réalisation de l’isolation thermique reste très disparate d’une opération à l’autre, et certains constats laissent songeurs…
Par exemple, on peut constater sur certains chantiers, la mise en œuvre d’isolants thermiques humidifiés. Or, les isolants gorgés d’eau perdent une part de leurs performances thermiques ce qui impacte la résistance thermique prévue à la conception. Cette humidité peut être soit le résultat d’un mauvais stockage chez les négociants et/ou sur le chantier ou s’être accumulée lors de la mise en œuvre (produits exposés à la pluie).
Autre exemple : les « variantes sauvages », c’est-à-dire la mise en œuvre de produits et de matériaux non conformes à ceux prévus ou souhaités lors de la conception. L’isolant ou les vitrages installés ne sont pas ceux modélisés dans l’étude thermique. D’où une différence de performance de l’enveloppe et donc un impact potentiel sur les consommations.

Trop de chauffage tue le chauffage

Pourtant signalé depuis 2010, le surdimensionnement des équipements de chauffage continue à être observé de façon récurrente dans les projets. Il s’explique par l’inadéquation entre les besoins de chauffage très faibles (enveloppe très isolée) et la mise en place de générateurs plusieurs fois trop puissants. Les conséquences sur le rendement et la durabilité de ces systèmes sont lourdes. Par ailleurs, le calorifugeage des réseaux est encore trop souvent négligé alors que les déperditions de ces derniers représentent une part croissante des consommations d’énergie.
A l’inverse, à cause d’une conception un peu aléatoire et d’une mauvaise gestion des apports solaires (protections mal dimensionnées notamment), nombre de projets sont soumis à des surchauffes en été et en intersaison. Seule une modélisation peut permettre de définir les protections solaires qui seront adaptées à chaque projet. Les concepteurs devront également tenir compte des apports internes, de l’occupation, de l’inertie, de la ventilation naturelle, etc. afin de réaliser des bâtiments confortables toute l’année.

Un mauvais pilotage

Les retours d’expériences montrent que certains bâtiments performants sont très bien conçus et très bien réalisés mais qu’ils ne sont pas « pilotés » correctement. Le fonctionnement du bâtiment n’étant pas optimisé, les performances sont donc moindres.
Les installations munies de GTB/ GTC nécessitent de gros moyens humains et un niveau de compétence élevé pour effectuer les réglages et les faire fonctionner correctement. Des moyens qui ne sont pas toujours mis en œuvre en phase d’exploitation… Par ailleurs, peu de contrats de maintenance sont passés par les propriétaires alors que les systèmes se complexifient de plus en plus et nécessitent des interventions plus régulières.
Enfin, les systèmes d’éclairage et la domotique mal adaptés et surtout mal gérés se révèlent également être des sources d’inconfort ou de surconsommations.

De l’air !

Les progrès liés à l’étanchéité à l’air exacerbent la nécessité de bien concevoir et de bien réaliser les systèmes de ventilation. Pour maintenir une bonne qualité de l’air intérieur, le renouvellement d’air dépend aujourd’hui exclusivement du bon fonctionnement des installations de ventilation. Une montée en compétence de l’ensemble des acteurs est indispensable dans ce domaine.
L’amélioration de l’étanchéité à l’air s’accompagne d’autres difficultés comme le problème du séchage des bâtiments en phase chantier qui doit être anticipé en amont lors de l’élaboration du planning des travaux en particulier.
Autre grand défi qui se profile et qui va nécessiter plus de travail en conception : la prise en compte de la diffusion de la vapeur d’eau au travers des parois, phénomène trop souvent négligé voire ignoré lors des études de conception. Une attention particulière doit être portée à ce point de vigilance et notamment en rénovation où s’ajoutent parfois d’autres problèmes liés à l’humidité.

Qualifier les désordres est une priorité pour permettre le bon enjeu de la rénovation

La rénovation cumule souvent toutes les difficultés et nécessite un travail de conception poussé, à commencer par la réalisation de diagnostics de l’existant (thermique, étanchéité à l’air, humidité, etc.). Seule une vision globale, et la compréhension des interactions qui existent entre les différents systèmes (enveloppe, équipements, etc.) peuvent garantir le succès des travaux engagés.

Une mauvaise vision des désordres du bâtiment = une mauvaise performance énergétique au final !

Le Dispositif de contrôle des bâtiments dits "performants" après travaux, démontre que trop de contre-performances sont encore observées du fait d’une vision partielle ou absente sur le bon fonctionnement des bâtiments à un moment donné, et bien avant d’engager des travaux aussi importants et couteux qu’ils soient. La prise en compte de tous les désordres et dégâts issus des pathologies fonctionnelles et/ou accidentelles deviennent indispensables, dans toutes études ou programmation de travaux liés à la performance énergétique.
Les bureaux d’études thermiques qui réalisent des audits énergétiques doivent se faire assister par des experts bâtiments afin que leurs études soient exhaustives.

(Source du Moniteur.fr du 10 décembre 2014)

Ne pas tenir compte de l’ensemble des désordres générés par les pathologies fonctionnelles comme accidentelles du bâtiment ne permet pas d’aboutir à la performance étudiée et obtenir des résultats escomptés ... il est indispensable de vous faire assister par un AMO pour réussir vos travaux et faire respecter les enjeux d’une véritable performance énergétique !

Cliquez si vous souhaitez en savoir plus sur l’expertise des désordres dans le bâtiment !