Equipement technique du bâtiment : « l’ascenseur » qui agace sa profession !

, par Michel Grenier

Manque de CA programmé ou réelle objectivité sur la sécurité de la part de ces professionnels de la filière "ascensoriste" ?

Les professionnels du monde de l’ascenseur se pressent à réaliser des travaux d’une échéance qui est fixée au 3 juillet 2014 !
Qu’en est-il exactement ?
La Fédération des ascenseurs interpelle Cécile Duflot, la ministre du logement. Elle réclame un décret pour réenclencher la dynamique des travaux de mise en sécurité des ascenseurs. Sa démarche recueille le soutien de 100 entrepreneurs ainsi que de l’Association Nationale des PME de l’Ascenseur (ANPA).
Pour mémoire, la seconde phase de travaux (prévus dans le cadre de la loi SRU) s’imposant aux propriétaires d’ascenseurs ne répondant pas aux normes de sécurité a vu son terme reporté au 3 juillet 2014 (au lieu du 3 juillet 2013). De plus, le texte limitait aux seuls ascenseurs des établissements recevant du public les obligations de travaux dits de précision d’arrêt (destinés à prévenir le risque de chute dû au décalage entre le plancher de cabine et le palier d’étage).
C’est surtout ce second point qui fâche les professionnels, alors qu’ils constatent « l’urgence d’agir pour engager les travaux de la deuxième échéance de travaux de mise en sécurité, actuellement quasi à l’arrêt. ». A cinq mois de l’échéance réglementaire, ils pointent un stock de 87 000 appareils (dont 66 000 pour le seul dispositif de précision d’arrêt) à mettre en sécurité. Selon la fédération, il reste 30,5 % des ascenseurs concernés par la conformité aux normes.

Les ascensoristes à la peine malgré les obligations de la loi !

La mesure a entraîné, selon les professionnels, une chute des commandes de 30 % au 2ème semestre 2013 par rapport au 1er semestre de la même année. Les entreprises souffrent et 450 emplois directs seraient sur la balance dans de grandes entreprises du secteur qui discutent de plans de sauvegarde de l’emploi. Le président de leur fédération évoque un chiffre de 2 000 emplois en danger, en tenant compte des sous-traitants, si la levée du moratoire n’intervenait pas rapidement. Jean-Luc Detavernier, délégué général, rappelle que l’Education nationale a créé des formations pour assurer la réalisation des travaux sur 15 ans. « Alors que 8 000 techniciens ont été embauchés depuis 2006, le recrutement est à l’arrêt, » regrette-t-il. Enfin, la stagnation du chiffre d’affaires est pointée, de 2,31 milliards € en 2007 à 2,51 milliards € en 2013.

Les ascensoristes revoient leur copie avec le ministère afin d’enclencher des travaux !

Une lettre du 24 janvier 2014 a été adressée par la Fédération des ascenseurs à Cécile Duflot. Elle réclame que les conclusions du groupe de travail réuni par le ministère depuis l’été 2013, soient reprises au plus tôt par la ministre du logement. La missive rappelle la teneur du consensus qui s’est dégagé entre les acteurs qui ont réfléchi sur le sujet (bureaux d’études, contrôleurs, ARC) : 1) la réactivation de l’obligation du dispositif de précision d’arrêt pour tous les ascenseurs installés dans les lieux de travail et les immeubles d’habitation ; 2) des modalités de mise en œuvre plus économiques. « Pour réduire la facture globale à 600 millions € », explique Jean-Luc Detavernier, « la mesure ne s’appliquerait plus aux appareils bi-vitesses dont la vitesse nominale est inférieure à 1 mètre / seconde, ni aux appareils à 1 mètre / seconde dont la charge autorisée en cabine est inférieure ou égale à 320 kg. » Un consensus qui ménagerait les intérêts des propriétaires et les préoccupations des entrepreneurs.

Un effet d’annonce d’une profession en attente de commandes massives sur ce deuxième trimestre 2014 !

66 000 ascenseurs à mettre en conformité avant le 3 juillet 2014, la profession ascensoriste se dit prête à assurer cette charge de travail. Au delà d’une aubaine pour cette profession qui a investit en recrutement depuis 2006 face à l’explosion des commandes prévisibles sur une loi qui assurait du CA sur une période de plus de 15 ans, le net ralentissement du CA imposé par le moratoire 2013, a placé ces entités commerciales que représentent cette profession "ascensoriste" dans une réelle difficulté managériale et financière pour certaines petites entreprises du secteur, voir les majors !

Travaux urgents ou attendre ... quelle forme de responsabilité et à qui ?

Au delà de la forme de responsabilité qu’impose la profession : « Le décret est indispensable », estime le délégué général du syndicat des ascensoristes, « Sans obligation réglementaire, la mesure a peu de chance d’être mise en œuvre. ». En ajoutant qu’« en cas d’accident, la responsabilité civile et pénale des propriétaires pourrait être engagée ».